VII

Le juge Ti fait comparaître un mort pour témoigner de ses crimes ; une brillante démonstration judiciaire fait perdre un point à la civilisation.

 

 

Un ciel blanc pesait sur Chang-an tandis que le palanquin du juge Ti fendait l’air glacé en direction du tribunal des crimes de sang. Peu de gens osaient braver les éléments en ce petit matin d’hiver. Les flocons aériens qui se posaient doucement sur les bonnets et les manteaux se changèrent en tourbillons menaçants peu après que le magistrat se fut réfugié à l’intérieur du bâtiment. En se retournant, il vit une puissante rafale emporter la grande banderole rouge à la gloire de Lu Hsing, divinité de la justice, mal arrimée à la façade.

L’ambassadeur Calebasse avait déjà fait le tour des locaux, le nez en l’air, la mine radieuse.

— Ça temple pour dieu !

Ti reconnut que les juges métropolitains étaient mieux installés que ceux qui officiaient comme lui dans les yamens de province. Le vestibule était entièrement pavé de larges dalles grises sur lesquelles tranchaient les longues colonnes de bois rouge qui soutenaient le toit incurvé. En revanche, comme partout ailleurs, les audiences s’y tenaient en public. Malgré les intempéries, une foule assez dense se pressait dans la vaste salle, ce que Ti attribua à cette fameuse petite réputation dont on prétendait qu’il jouissait. Il alla prendre place derrière le bureau qui se trouvait sur l’estrade, fit apporter un tabouret pour son élève des terres inconnues et vérifia que tous les accessoires indispensables étaient bien là : une pierre creuse pour délayer les encres noire et rouge, deux pinceaux, un marteau d’une trentaine de centimètres appelé « le bois qui répand la crainte », et surtout les « fiches de sentence » utilisées pour indiquer le nombre de coups de bambou à appliquer aux récalcitrants.

Il passa en revue le groupe des témoins. Le vérificateur des décès arborait toujours l’expression contrariée d’un homme que l’on dérange dans ses hautes occupations. À part lui, les seuls à avoir répondu à la convocation étaient les employés des soieries Hong. Leur patron et sa femme étaient absents.

Ti venait de charger les sbires de les lui amener manu militari quand surgirent quatre hommes chargés d’une civière. On y avait allongé un corps recouvert d’un drap. Mme Su Lin-Yao, les cheveux épars, les traits déformés par la douleur, se jeta aux pieds du magistrat.

— Je supplie Votre Excellence de venger un honorable commerçant de cette ville, victime d’un criminel sans moralité !

Hong Yun-Qi se faisait porter vers la porte de la Vertu lumineuse, pour aller inspecter une livraison dans un caravansérail du Sud, quand un inconnu s’était jeté sur lui pour lui ôter la vie. La nouvelle suscita l’émoi du public et la colère du mandarin.

Et d’abord, que faisait ce Hong en palanquin de voyage alors qu’il était convoqué au tribunal où Son Excellence l’attendait avec impatience ? Il était clair qu’il avait été rattrapé par ses méfaits tandis qu’il essayait de fuir. Puisque le contrôleur des morts était présent, Ti le pria d’exécuter un rapide examen de la victime afin de définir la cause du décès. Shao Keung souleva le drap. Une lame était plantée dans la poitrine, à hauteur du cœur.

— La cause est un coup de poignard, noble juge, déclara le médecin en laissant retomber le tissu.

Ti prit un instant pour définir combien de coups de bambou il ferait administrer à cet insolent paresseux lorsqu’il réclamerait ses honoraires, puis il se fit apporter l’arme du crime.

C’était a priori un couteau banal, que l’on pouvait se procurer n’importe où en ville. Ti le fit glisser sur l’une de ses baguettes de sentences et constata qu’il avait été affûté à la perfection. Souvent les tueurs professionnels abandonnaient l’arme du crime sur place pour ne pas être pris en possession d’une lame tachée de sang. C’était aussi une manière de signifier que le contrat avait été rempli. Tout semblait clair : Hong Yun-Qi avait été victime de l’assassin qu’il avait lui-même engagé.

La veuve jugea opportun de s’agenouiller à nouveau devant l’estrade. Elle supplia le magistrat de traquer le tueur, de le soumettre à la torture pour qu’il avoue, puis de lui infliger le découpage en lamelles prévu par le code. C’était là la juste réclamation d’une pieuse épouse soucieuse d’apaiser et d’honorer les mânes de son mari.

Ti était d’un avis un peu différent.

Les gardes poussèrent à l’intérieur de la salle un groupe de prisonniers aux mains entravées dans le dos. Il reconnut les malfrats qui l’avaient attaqué à son passage dans le village mal famé. Les soldats s’étaient aussi emparés du serveur de l’auberge de Banpao, que Ti fit libérer de ses liens et placer à part.

Le capitaine lui confirma ce qu’il avait lui-même noté au premier coup d’œil : le chef Loup-audacieux avait échappé au coup de filet. D’abord dépité, le mandarin décida de tourner cet échec en avantage.

Il considéra la figure des bandits que l’on avait contraints à s’agenouiller devant l’estrade. Les plus solides étaient des brutes épaisses, les plus frêles, des tire-laine de bas étage comme il en avait tant vu au cours de sa carrière. Le plus malin du lot était absent ; c’était l’occasion d’utiliser les renseignements que celui-ci lui avait donnés sans y penser au cours de leur entretien mouvementé.

— Tu feras porter à Loup-audacieux les trois cents taëls convenus, dit-il très fort à l’officier. Il a bien mérité de vieillir en paix dans sa propriété de Belle-Rivière. Il a été fort sage de liquider son fonds de commerce avant de partir.

Le « fonds de commerce » du vieux malfrat leva sur le magistrat des yeux effarés.

— Jamais le patron ne nous aurait vendus ! protesta le plus hargneux du lot, qu’un garde gratifia aussitôt d’un coup sur la bouche pour lui apprendre le respect.

— Ah non ? ironisa Ti. Dans ce cas, pourquoi lui ferais-je porter cette grosse somme dans la jolie petite ville où il a choisi de se retirer ?

Les voleurs, qui ne partageaient ni la mémoire ni le goût de Ti Jen-tsie pour les détails, baissèrent les yeux sur le dallage. Certes, l’honnêteté n’était pas le trait dominant des confréries de délinquants. Le mandarin poussa un profond soupir qui se voulait compatissant.

— Vous paierez pour les crimes commis par votre bande et Loup-audacieux sera amnistié. Je vais vous condamner tous pour l’assassinat du commerçant Hong avec circonstances aggravantes. Connaissez-vous notre remarquable bourreau de Chang-an ?

L’exécuteur des hautes œuvres, un colosse au visage zébré de cicatrices, fit un pas en avant. Sa face velue trahissait le barbare du Nord sans foi ni loi, probablement renvoyé des armées pour violence excessive et gracié d’une condamnation à mort en échange de ce travail peu convoité. Deux des bandits réprimèrent leurs sanglots.

— Personnellement, seul le tueur m’intéresse vraiment, reprit Ti avec une pointe de commisération. Mais en l’absence d’aveux, je ne peux rien faire.

La brute agenouillée en bout de ligne, à droite, se mit à lever le menton en direction de son voisin – celui qui s’était insurgé contre les propos du mandarin. Quand il s’aperçut de ce manège, l’intéressé voulut assaillir le dénonciateur en dépit de ses liens, et tous deux roulèrent au sol. Les autres en profitèrent pour affirmer à qui mieux mieux qu’il était bien le meurtrier recherché par Son Excellence.

La veuve se jeta sur lui toutes griffes dehors. Elle lui aurait arraché les yeux de ses ongles si les gardes ne s’étaient précipités pour conserver de l’ouvrage au bourreau. Cet accès de piété conjugale émut l’assistance jusqu’aux larmes. Trésor-de-Jade était devenue l’incarnation de Nu-kua, la déesse de l’harmonie familiale. Les gardes furent juste assez nombreux pour empêcher la foule de se joindre à la bonne épouse dans le lynchage immédiat du mécréant. Ti les laissa ramener le calme et se tourna vers M. Calebasse, assis près de lui.

— Vous avez compris ?

— Moi compris rien du tout.

— Dans ce cas, je vais récapituler, pour le bénéfice de tous, des événements sans doute un peu embrouillés. La particularité de cette affaire réside dans le fait que la victime n’était pas plus honnête que ses ennemis. Mais enfin, il faut que la justice passe, même si Hong Yun-Qi n’est plus en mesure de payer pour ses forfaits. Je vais donc m’intéresser aux autres délinquants.

Il attendit qu’on eût écarté les bandits et fit avancer les employés de la maison de soieries, qui s’agenouillèrent à leur tour.

— Lequel d’entre vous avait-il la confiance de votre patron ?

Ils désignèrent l’un d’entre eux, un grand maigre à l’air matois. Sur un signe du juge, le garde chargé de surveiller le serveur de l’auberge poussa celui-ci vers l’estrade.

— Vois-tu ici l’inconnu avec qui s’entretenait à Banpao le faux colporteur dont tu as surpris la conversation ?

Ti ordonna aux employés de lever la tête afin que leurs traits soient bien visibles. Le regard du serveur alla de l’un à l’autre, hésita, et finalement s’arrêta sur l’un d’eux. C’était l’homme de confiance.

Le juge s’adressa directement à ce dernier :

— Bien. À présent, si tu ne veux pas être condamné à mort pour complicité de meurtre, tu vas me dire la vérité.

L’employé se prosterna face contre terre.

— Je supplie Votre Excellence de m’épargner ! Ce chien de Hong m’a forcé à lui obéir !

— Par quel moyen ?

— En me payant !

Ti doutait qu’il y eût là matière à des circonstances atténuantes.

— Allons ! cria l’aîné des employés. Tu détestais Du Man-Hua ! Tu l’aurais fait pour rien !

Le coupable se tourna vers son accusateur avec une expression offusquée.

— Jamais ! Pour rien, jamais !

Ti lui conseilla de livrer un témoignage détaillé s’il voulait démontrer qu’il était innocent de ce meurtre. L’inculpé se lança dans un flot de paroles.

— Le gros Hong voulait se débarrasser du comptable ! Il m’a payé pour me rendre à Banpao, déguisé en mauvais garçon. Je devais arriver avant lui à l’auberge, commander à boire et ne parler à personne. Il est venu s’asseoir en face de moi, m’a payé un repas et, chaque fois que le serveur apportait les plats, il récitait ce qu’il voulait lui faire entendre. Je n’ai rien fait d’autre, je le jure ! On n’est pas coupable quand on s’est juste laissé inviter à dîner, n’est-ce pas, noble juge ?

Le pauvre homme ignorait à quel point on pouvait se rendre coupable ne fût-ce qu’en respirant, en marchant dans la rue ou en épousant une femme trop belle pour soi.

Ainsi donc, Hong Yun-Qi n’avait recruté personne. Il s’était contenté de jouer la comédie en prenant soin que tout le monde l’entende. Une fois les deux comédiens hors de l’auberge, il n’y avait plus eu ni assassin ni commanditaire. M. Hong venait juste de prendre une assurance, pour le cas où son affaire l’aurait entraîné plus loin que prévu. Il avait fait preuve d’une habileté conforme à sa renommée professionnelle. Quel témoin serait-il plus crédible qu’un malandrin pour dénoncer un meurtre ?

Quelques jours après la comédie de Banpao, lorsque l’approvisionnement en soie était arrivé à bon port, Hong s’était comporté comme un homme qui craint pour sa vie. Seul dans la réserve avec M. Du, il s’était contenté de le pousser dans le vide, puis il avait retourné une caisse sur le cadavre pour faire croire à un attentat commis par un mystérieux inconnu, un homme si habile qu’il pouvait se déplacer en pleine ville sans se faire voir ni entendre de quiconque. C’était si finement combiné que Ti aurait volontiers applaudi des deux pieds.

Il contempla la veuve du négociant, debout, sur le côté gauche de la salle. Elle avait les sourcils froncés, son visage exprimait toujours le même ressentiment. Mais nulle trace de surprise dans son expression. La révélation publique du meurtre commis par un époux si cher, si violemment regretté, ne semblait pas l’avoir atteinte.

— Comme je l’ai établi avec l’aide de l’éminent contrôleur des décès Shao Keung, ici présent, le négociant Hong s’est donné beaucoup de mal pour se débarrasser de son comptable Du Man-Hua. Pourriez-vous par hasard éclairer le tribunal sur le mobile de cet acte déplorable, chère madame ? demanda Ti en s’adressant directement à la veuve.

Tous les regards se tournèrent vers l’allégorie de la fidélité et du devoir, figée comme une statue, à la gauche du mandarin. Son statut aurait fait accepter à la foule n’importe quelle dénégation… si elle avait pu prononcer ne fût-ce qu’un mot. Elle ne parvint pas à desserrer les lèvres. Un silence pesant s’abattit sur la salle. Il était primordial qu’elle articulât une parole, n’importe laquelle, afin de dissiper cette vapeur qui commençait à imprégner tous les esprits. Quand elle put enfin entrouvrir la bouche, elle comprit qu’il était trop tard et la referma sans avoir rien dit. Il n’était plus temps de démentir ce dont tout le monde avait désormais la conviction.

Une femme fendit la foule dans sa direction. Ti reconnut l’épouse de Du Man-Hua et craignit qu’elle n’eût l’intention de se faire justice, elle aussi. Avant qu’il n’ait pu réagir, elle se planta devant Mme Hong, la regarda droit dans les yeux et lui cracha au visage. Puis elle s’en retourna comme elle était venue, et l’assistance se referma sur elle comme une vague.

— Je crois que nous venons d’établir le fait à l’origine de tout ce désordre, l’entorse aux principes d’harmonie d’essence divine qui régissent notre société parfaite.

Tous ceux qui avaient connu le trop beau et trop volage M. Du avaient compris. Hong Yun-Qi avait souhaité tirer vengeance de son employé, mais non se priver de son épouse ou s’exposer à un fâcheux scandale.

Ti fit approcher la veuve Hong, qu’un garde fit agenouiller. Elle était à présent comme une poupée sans volonté.

— La révélation publique de votre faute est une humiliation insupportable, dit Ti. Pourtant, cela n’est rien en comparaison du crime d’adultère, dont j’attends de vous l’aveu. Quand avez-vous compris que votre mari avait assouvi sa colère sur votre amant ?

— Dès le moment où il m’a appris ce qu’il nommait « l’accident », noble juge. Ce ver putride a eu l’outrecuidance de me décrire avec tous les détails le sort subi par mon pauvre amour.

Si elle avait usé de son influence pour soumettre le cas au directeur de la police, ce n’était pas pour sauver son mari mais au contraire pour lancer le magistrat sur sa piste. Les dames Ti lui avaient raconté quelques-unes de ces fameuses enquêtes au cours desquelles il n’hésitait pas à payer de sa personne, à hanter les bas-fonds et à frayer avec la lie.

« Et voilà comment on vous fait une sympathique réputation de traîne-savate », songea-t-il.

Hélas, ce brillant enquêteur était venu chez eux déclarer que Hong n’avait plus rien à craindre ! Ayant perdu espoir en la justice, elle avait résolu de profiter des circonstances pour prendre son mari à son propre piège : elle avait mis le feu à son lit pour le faire brûler vif, certaine de voir ce nouveau crime attribué au tueur inconnu qu’il avait inventé. Voilà pourquoi Hong Yun-Qi, qui n’y comprenait plus rien, avait été terrorisé.

Se croyant menacé à la fois par la guilde des assassins et par les incertitudes d’un procès, il avait pris la fuite, ce qui avait permis aux meurtriers professionnels d’exécuter le « contrat » souscrit par lui-même. En fin de compte, le négociant Hong avait bien été le commanditaire de son propre assassinat !

L’heure était venue de révéler à chacun le prix de ses actes. Ti infligea à Mme Hong une lourde amende pour la tentative d’assassinat contre son mari ; cet argent-là irait dans les caisses de l’État. Elle allait en outre devoir dédommager la veuve du comptable Du en lui transmettant le quart des biens du négociant. L’employé qui avait joué le rôle du tueur à gages écopait de cinquante coups de bambou pour n’avoir pas dénoncé les manigances de son patron. L’assassin du négociant en soie pouvait prétendre à des circonstances atténuantes : il n’avait fait que reprendre une transaction commerciale qui lui revenait de droit. Il fut donc dispensé des tortures préalables et put remercier la cour d’être seulement condamné à être décapité en place publique. Ses comparses étaient bons pour les mines de sel, où l’esclavage leur procurerait une fin à peine plus lente.

Ti vérifia qu’il n’avait oublié personne et déclara l’audience close. En quittant l’estrade, il s’attendait à recevoir les compliments de son Wo, forcément ébloui par la subtilité et la précision de la justice des Tang. Curieusement, M. Calebasse n’avait pas le sourire extatique d’un sauvage qui vient de découvrir le plus parfait achèvement d’une société où le savoir est mis au service de l’équité.

— Et dans votre pays, dans un cas comme celui-ci, que se passerait-il ? s’enquit le mandarin.

— Seigneur tuer tout le monde, répondit l’ambassadeur.

— Eh bien, vous voyez, c’est la différence avec la civilisation.

— Empereur pas tuer ?

— Si, mais on diligente une enquête avant. J’étudie toutes les possibilités.

— Ensuite tuer ?

— Il y a un procès. On confronte les témoins. J’examine les preuves, je pèse le pour et le contre.

— Ensuite tuer ?

— Mon verdict remonte au ministère, où il reçoit l’agrément du Secrétariat impérial.

— Ensuite tuer ?

Ti s’impatienta.

— Oui, tuer ! Mais dans les formes légales ! Vous comprenez ?

M. Calebasse comprit surtout qu’on avait compliqué à plaisir une procédure toute simple qui consistait à trancher le cou des coupables avec une hache bien aiguisée. La « civilisation » venait de perdre un point.

 

Diplomatie en Kimono
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